Société

COTE D’IVOIRE : Le DÉPUTÉ-MAIRE ASSALÉ TIEMOKO se prononce sur la Cherté de la vie: “nous finirons par mourrir de honte!”

Les Ivoiriens pleurent, les Ivoiriens se lamentent. La vie, chacun le ressent dans sa poche et dans son assiette, devient de plus en plus chère.

Les solutions classiques proposées par L’Etat, toujours les mêmes depuis des années, sont les subventions massives de certains produits essentiels et notamment des produits petroliers alimentaires, afin de contenir les prix.

Ces subventions massives, non seulement leur efficacité est plus que relative mais en plus, elles appauvrissent l’Etat à court terme et compromettent des investissements importants dans des secteurs vitaux.

Devant la flambée des prix, des Ivoiriens proposent des solutions radicales qui ne sont en réalité qu’une invitation à oeuvrer pour l’effondrement de notre économie.
Car, je ne vois pas en quoi, la réduction des taxes par exemple, qui est une renonciation à des ressources utiles , peut nous mettre à l’abri définitivement de l’importation de presque tous les produits alimentaires que nous consommons dans notre pays agricole et dont les coûts, à la moindre crise mondiale, prennent l’ascenseur.

En 2008, au cours d’une interview télévisée à la suite des émeutes de la faim, le président Gbagbo avait expliqué la flambée des prix du riz en Côte d’Ivoire, par le fait que “la Chine n’avait pas produit suffisamment de riz” au cours de cette année et que l’inflation des prix à cette époque était un phénomène mondial contre lequel personne ne pouvait rien.

Le constat du président Gbagbo etait vrai mais il était aussi et surtout une honte. Les Ivoiriens criaient famine en 2008 parce que les Chinois qui les nourrissaient, n’avaient pas, pour des raisons de climat, produit assez de riz et avaient préféré garder le peu produit pour eux-mêmes. Comme ils avaient raison.
A la vérité, le jour où ceux qui nous nourrissent par leur travail arrêterons, en raison de problèmes intérieurs, d’exporter une partie de leurs productions agricoles, nous mourrons tous de faim dans notre pays.

Enfin n’avons nous pas honte ? Presque tout ce que nous consommons ici en Côte d’Ivoire-pays où tout pousse en raison d’une incroyable disponibilité de terres fertiles-est importé.
La plupart des légumes (tomate, oignon, piment…), le riz, le blé, le poisson, la viande blanche (volaille) , la viande rouge (boeuf et autres), etc. pour ne citer que des produits de grande consommation, est importé depuis 60 ans, à coups de centaines de milliards de Fcfa.

Plus de 60 ans après notre indépendance, nous n’avons toujours pas trouvé la solution pour produire en quantité de la banane et la conserver. Aujourd’hui, nous achetons sur nos marchés à Abidjan, trois bananes à 1000 francs. C’est pas la honte, ça ?
Plus de 60 ans après notre indépendance, nous n’avons toujours pas trouvé la solution pour produire suffisamment de riz local et de bonne qualité, pour nourrir notre peuple et nous continuons à dépendre de l’humeur des Chinois, des Indiens et autres pays asiatiques. C’est pas la honte, ça ?

Plus de 60 ans après notre indépendance, nous continuons d’importer massivement du poisson produit par les Chinois alors que notre pays est traversé de part en part, par des cours d’eau. C’est pas la honte, ça ?

Plus de 60 ans après notre indépendance, nous continuons à importer plus de 90% des legumes que nous consommons ici. On s’étonne du prix du kg de tomate sur nos marchés, mais cette tomate est importée, donc produite par les autres. C’est pas la hobte ça ?

Plus de 60 ans après notre indépendance politique, nous continuons de vivre dans les chaînes de l’esclave alimentaire et de demeurer de petits enfants incapables de produire pour eux-mêmes, ce qu’ils mangent.
Subventionner des produits de grande consommation, c’est bien. Mais la vraie solution est de prendre la décision maintenant, que dans 10 ans, nous réduiront nos importations de produits alimentaires, de 80% et nous donner les moyens d’atteindre cet objectif.

Autrement, ce n’est pas de faim que nous mourrons tous demain, mais plutôt de honte, quand les autres arrêterons de nourrir les gros enfants de plus de 60 ans que nous sommes.
Elle est où, notre fierté ?
Bon appétit à tous…

NB: Photo d’illustration: Je pensais aux baoulé qui meurent de faim.

ASSALÉ TIEMOKO
DÉPUTÉ-MAIRE DE TIASSALÉ.

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