Politique

Côte d’Ivoire/ La justice ivoirienne condamne Charles Blé Goudé à 20 ans de prison

L’ex-chef des Jeunes patriotes ivoiriens Charles Blé Goudé a annoncé lundi 30 décembre à l’AFP avoir appris sa condamnation à vingt ans de prison par la justice ivoirienne lors d’une audience à Abidjan le même jour.
La justice ivoirienne a condamné Charles Blé Goudé par contumace à « 20 ans de prison, 10 ans de privation de ses droits civiques, 200 millions de francs CFA » de dommages et intérêts à verser aux victimes, a expliqué L’ex-chef des Jeunes patriotes ivoiriens à l’AFP, précisant que le tribunal a en outre délivré un mandat d’arrêt contre lui.

La justice ivoirienne gardait sous le coude un dossier sur Charles Blé Goudé depuis plusieurs années, avant de le réactiver il y a quelques semaines. La justice ivoirienne avait en effet ouvert un dossier le concernant avant son transfèrement à la CPI, notamment pour actes de torture, viols, assassinats commis par lui-même ou ses partisans en 2010 et 2011. Des faits différents de ceux pour lesquels l’ancien « général de la rue » comme il fut autrefois surnommé, était poursuivi par la CPI. La procédure avait été relancée il y a deux mois et depuis lors, ses avocats comme l’opposition ivoirienne n’ont eu de cesse de dénoncer une entreprise politique émanant d’une justice à la solde du pouvoir.

Charles Blé Goudé s’est dit « surpris par ce verdict », prononcé sans la présence d’un avocat. Il était accusé par la justice ivoirienne d’ « actes de torture, homicides volontaires et viol », avaient indiqué ses avocats le 18 décembre, jour où son procès devait s’ouvrir.

Liberté conditionnelle à La Haye

L’un de ses avocats, Me Suy Bi Gohoré, avait alors affirmé que le président du tribunal criminel d’Abidjan avait « retiré l’affaire du rôle » dans l’attente de l’examen d’un pourvoi en cassation formulé par lui, fondé sur l’absence de l’accusé et sur d’autres vices de forme dans la procédure. Les avocats avaient dénoncé une « violation flagrante » des droits de Charles Blé Goudé, du fait de son impossibilité à assister à son procès. « Charles Blé Goudé n’est pas libre de rentrer en Côte d’Ivoire pour répondre à la justice puisqu’il est en liberté conditionnelle à La Haye. Or en droit, on ne peut juger quelqu’un par contumace que s’il n’a pas de raison valable pour ne pas se présenter devant le tribunal », expliquait ce matin à RFI Me Suy Bi.

Le COJEP, le parti politique, dont Blé Goudé est le président, s’est s’exprimé cet après-midi. Il estime que le pouvoir joue un jeu dangereux : « Nous sommes à dix mois des élections. Nous pensons que le pouvoir d’Abidjan, au lieu de tout mettre en oeuvre pour créer les conditions d’une élection apaisée dans des conditions de quiétude, nous pensons que le pouvoir d’Abidjan créé une atmosphère pré-électorale tendue », souligne Patrice Saraka, le secrétaire général du COJEP.

Quant à Charles Blé Goudé lui-même, il apparaissait hier soir dans un message vidéo sur Facebook, tout sourire, faisant frire son aloco, plat traditionnel ivoirien, et promettant de s’exprimer dans les prochains jours. Il avait été transféré par les autorités ivoiriennes à la CPI en 2014. Avec son ancien mentor, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, il a été jugé pour crimes contre l’humanité.

Tous deux ont été acquittés début 2019 et placés en liberté conditionnelle dans l’attente de l’examen de l’appel formulé par la procureure de la CPI. M. Blé Goudé ne peut pas rentrer en Côte d’Ivoire tant que la procédure n’est pas terminée.

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