Communiqué

DECLARATION D’ALTERNATIVE CITOYENNE IVOIRIENNE (ACI) RELATIVE A LA PRESENTATION DU PLAN DE SOUTIEN ECONOMIQUE, SOCIAL ET HUMANITAIRE FAITE PAR LE PREMIER MINISTRE LE MARDI 31 MARS 2020

LES FAITS

Dans le cadre de la lutte contre le COVID_19 qui sévit dans le monde, le Gouvernement ivoirien a pris les premières mesures le 16 mars 2020, puis le 23 mars lors de l’adresse du Chef de l’Etat au peuple qui a annoncé un plan de riposte d’un montant de 96 milliards 880.

Alternative Citoyenne Ivoirienne (ACI) avait relevé le caractère imprécis des mesures annoncées, l’absence de mesures sociales et l’inexistence d’un fond social pour les populations vulnérables. Ce mardi 31 mars 2020, le Premier Ministre a enfin présenté un plan de soutien économique, social et humanitaire.

NOTRE ANALYSE

ACI félicite le Gouvernement car ces mesures, même si elles sont prises tardivement sont à saluer, car elles viendront apporter une bouffée d’oxygène à toutes les couches socio-professionnelles. Toutefois il convient de relever des zones d’ombres dans l’applicabilité de ces mesures.

Par rapport à l’état d’avancement du plan de riposte sanitaire

Nous tenons à relever que plusieurs points sont toujours imprécis et certains confirment le laxisme dont nous nous plaignions depuis le début. On nous annonce que la capacité de prélèvement des cas suspects et d’analyse a été renforcée. Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ? Les centres de santé de base vont-ils être pourvus en test de dépistage pour un dépistage précoce ou va-t-on continuer à attendre de soigner les premiers symptômes avant de tester les cas suspects ?

On nous parle de l’extension des sites de prise en charge en cours tant Abidjan qu’à l’intérieur du pays. Pourrions savoir précisément quels sont ces sites et dans combien de temps seront-ils fonctionnels ?

On dit aussi que l’ensemble des commandes urgentes de matériel de protection a été passé et que le renforcement du système de soins est en cours. Tout cela est tardif, au regard de la propagation rapide du virus. Ces actions auraient dû être avant l’apparition de cas en Côte d’Ivoire car l’Etat de Côte d’Ivoire ne peut pas prétendre avoir été surpris. Le temps que ces commandes soient livrées, les futurs bénéficiaires sont certainement exposés aux risques et contribuent involontairement à l’expansion du virus. A Madagascar, un des pays les plus pauvres du monde, les mesures de protection ont commencé à être prises dès le 07 février 2020.

Par rapport aux mesures de soutien aux entreprises

Les mesures qui commencent par les verbes « suspendre », « reporter », « différer » soulageront certes pour un temps, mais endettent les entrepreneurs. La mesure qui concerne la poursuite du paiement de la dette intérieure est salutaire mais discriminatoire car la situation étant difficile pour toutes les entreprises, celles ayant des factures de plus de 100 millions ont également besoin d’être soulagées.

Par rapport aux mesures d’appui à l’économie

Les mesures sont bonnes mais reposent toutes sur des fonds dont le fonctionnement et les modalités d’accès doivent être précisées pour rassurer tous les acteurs concernés. Nous tenons particulièrement au fonds dédié au secteur informel. Comment se fera l’identification des bénéficiaires ?

Par rapport aux mesures sociales

Les populations qui étaient déjà déçues de ne pas voir de mesures sociales dès l’annonce des premières mesures, sont surprises de constater une catégorisation des ivoiriens pour le paiement des factures alors que des pays plus pauvres que nous, tel que le Niger, ont annoncé la gratuité des factures sur deux (2) mois pour toute la population. Par ailleurs, cette mesure revient à endetter ceux dont le paiement des factures est reporté.

Comment voulez-vous que des citoyens en perte ou en baisse d’activité puisse payer les factures qui continuent d’augmenter ? Le report et non l’annulation du paiement des factures d’eau et d’électricité ne fait que déplacer le problème sans le résoudre dans le fond.En ce qui concerne l’enseignement télévisuel pour les élèves en classe d’examen, c’est une bonne initiative mais nous relevons juste que certains élèves qui vivent dans les hameaux les plus reculés où il n’y a pas de télévision n’y aurons pas accès.

Quant au fonds de solidarité de 170 milliards, c’est une très bonne nouvelle et nous saluons cette décision, bien qu’elle soit tardive. Notre inquiétude se situe au niveau de l’utilisation de ce fonds. Le mode opératoire d’utilisation sera-t-il rendu public pour faciliter l’accès des plus vulnérables ? Comment va se faire l’identification des bénéficiaires ? Dans quel délai sera-t-il fonctionnel pour faciliter le confinement ?

En somme, le plan de soutien économique, social et humanitaire est une très bonne initiative mais il reste beaucoup de zones d’ombre, nous déplorons la discrimination contenues dans certaines mesures et nous pensons qu’aucune des mesures ne devrait endetter personne.

Le Gouvernement n’ayant pas manifesté une capacité d’anticipation dès le début de la pandémie en Chine, nous avons été obligé de critiquer sévèrement le plan de riposte et nous nous réjouissons de ce plan de soutien complémentaire, mais nous insistons sur l’urgence de sa mise en œuvre et la transparence dans sa gestion, afin que les ivoiriens qui se sentent laissés pour compte soient rassurés et sauvés de cette pandémie.

NOTRE POSITION

Alternative Citoyenne Ivoirienne considère pour sa part que l’efficacité de ces mesures dépendent essentiellement d’une sensibilisation accrue et d’une grande transparence dans la gestion des différents fonds. A cet effet ACI propose :

1- la mise en œuvre des mesures sans discrimination aucune, donc nous demandons la gratuité des factures pour tous et la prise en compte de toutes les entreprises pour le paiement de la dette intérieure car nous sommes TOUS durement éprouvés par cette pandémie ;

2- La clarification du mode opératoire pour l’utilisation de tous les fonds annoncés, les critères de sélection des bénéficiaires et la date d’effet de leur accès ;

3- L’annonce d’un montant d’appui aux ménages vulnérables et les critères de sélection de ces ménages, afin d’aider les plus pauvres au confinement en cas de nécessité ;

4- la non catégorisation des ivoiriens dans la distribution des dons comme nous l’avons constaté récemment ;

5- la non politisation de cette pandémie qui n’a aucune considération de parti politique, de peau, de race et de religion ;

6- La distribution de télévisions dans les villages reculés pour permettre aux élèves en classe d’examen de suivre le programme en leur faveur. Même une télévision par village démuni sera utile ;

7- La pulvérisation, en plus des rues, de tous les espaces publics comme les marchés ;

8- La mise en œuvre immédiate des mesures en faveur du personnel de santé et des forces de l’ordre

9- La mise en œuvre d’une campagne de prévention de proximité et l’implication de la société civile dans l’exécution de ce plan ;

10- La création d’un comité de suivi composé de tous les acteurs importants que sont les partis politiques, les parlementaires et la société civile active.

Fait à Abidjan, le mercredi 1er avril 2020

Pour ACI,

La Présidente, Pulchérie GBALET.

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