Politique

Côte d’Ivoire: Soro-Ouattara, l’année de la rupture

Malgré sa condamnation, Guillaume Soro reste candidat a la présidentielle de 2020, a-t-il indiqué dans un commentaire publié mardi après la décision du TGI d’Abidjan. Une « condamnation politique » selon lui qui serait la conséquence d’une cabale destinée à l’empêcher de se présenter. A 47 ans Guillaume Soro a un CV bien rempli. L’ancien leader étudiant, ancien chef de la rébellion, ancien Premier ministre, l’ex président de l’Assemblée nationale était l’allié de longue date d’Alassane Ouattara. Mais la rupture est consommée en 2019, avec la création du RHDP.

Durant des mois fin 2018, Guillaume Soro marque sa différence et agace ses anciens amis. La garde rapprochée du chef de l’Etat somme alors le président de l’Assemblée nationale d’adhérer au parti présidentiel ou de « rendre le tabouret ». Le 8 février 2019, Guillaume Soro démissionne.

Il se rapproche ensuite de l’adversaire déclaré d’Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié qui constitue une alliance politique pour faire barrage au RHDP en 2020. Se dessine alors une stratégie commune en cas de second tour. Puis, Soro part pour l’Europe, crée son parti, GPS, active ses réseaux et en octobre annonce officiellement sa candidature.

Le 23 décembre tout s’accélère. Apprenant qu’un mandat d’arrêt est émis contre lui Guillaume Soro annule in extremis son retour en Côte d’Ivoire. Le jour même, les forces de l’ordre envahissent le QG de GPS et arrêtent ses partisans. Des arrestations qui se poursuivent dans les semaines qui suivent. Au total 19 personnes sont sous les verrous dont 5 députés pro-Soro et deux frères de l’ancien chef rebelle.

Poursuivi pour l’affaire de sa résidence de Marcory et pour une tentative présumée d’ « atteinte à l’autorité de l’Etat », Guillaume Soro dénonce une cabale politique pour l’empêcher de se présenter à la présidentielle. Le 22 avril, la Cour africaine des droits de l’homme ordonne à la Côte d’Ivoire de suspendre le mandat d’arrêt et de remettre ses compagnons en liberté provisoire. Six jours plus tard, la justice ivoirienne le condamne à 20 ans ferme.

Une condamnation en son absence, puisque Guillaume Soro a suivi le verdict depuis Paris où il est en exil depuis le mois de janvier. Le leader de Générations et peuples solidaires s’est établi en région parisienne depuis maintenant plusieurs semaines, car c’est là que vit une partie de sa famille.

Guillaume Soro avait rallié la capitale française début janvier après son retour avorté en Côte d’Ivoire. Après un passage en Espagne, suivi d’un séjour en Suisse, l’ancien Premier ministre s’est installé à Paris, où il a rapidement reçu l’assurance des autorités françaises qu’elle ne l’extraderait pas malgré le mandat d’arrêt international émis par Abidjan.

Ces dernières semaines, Guillaume Soro multipliait les déplacements notamment à Bruxelles afin de tenter de sensibiliser les institutions européennes sur son cas. Des démarches qu’il a également entrepris en France auprès du Quai d’Orsay mais également auprès des parlementaires français. Des députés de tous bord, de l’extrême-gauche à l’extrême-droite, ont ainsi été approchés.

Malgré sa condamnation à 20 ans de prison, Guillaume Soro s’est dit déterminé à poursuivre son combat.« Je reste candidat à la présidentielle et je gagnerai », a-t-il écrit sur sa page Facebook.

rfi

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