Culture

Côte d’Ivoire : Djagassa, un film dans l’univers de l’orpaillage clandestin des enfants

La conférence de presse de présentation du film Djagassa (NDLR : allons jusqu’au bout), réalisé par Hyacinthe Hounsou a eu lieu le samedi 21 août 2021 à Cocody. Ce film sensibilise sur le travail des enfants dans les mines aurifères en Côte d’Ivoire et ailleurs dans le monde.

Le réalisateur Hyacinthe Hounsou a décidé de lever le voile sur la réalité des enfants exploités dans le milieu de l’orpaillage clandestin à travers le film Djagassa. Il a expliqué que, « Djagassa est une histoire que nous avons développé il y a deux ans à la faveur d’une visite à l’intérieur du pays où j’avais constaté beaucoup de mines aurifères clandestines. Quand bien même que cela représentait un danger pour l’environnement mais j’ai été surpris de voir des enfants y travailler.

On en parle très peu mais croyez-moi ici en Côte d’Ivoire et ailleurs en Afrique, il existe beaucoup de mines clandestines. A l’intérieur du pays, dans la région de la Mé où nous avons tourné le film, il y avait près de mille mines d’orpaillages clandestines dans la seule région. C’est un fléau et voir son enfant y travailler, cela m’a donné l’envie de faire un film pour dénoncer ce phénomène qui prend de l’ampleur. La place des enfants qui y travaillent n’est pas là-bas mais à l’école ».

DES GENS NE VOULAIENT PAS QU’ON DENONCE CE PHENOMENE

« Notre but est de sensibiliser sur ce phénomène qui dégrade de plus en plus l’environnement et qui tue à petit feu ces enfants parce que ce sont des produits toxiques qui sont utilisés régulièrement. Nous sensibilisons ces personnes à quitter ces endroits. En outre, nous sensibilisons l’Etat afin de créer les conditions pour leur insertion professionnelle pour qu’ils ne s’adonnent plus à cette pratique. L’obtention du financement du film n’a pas été facile. Car on est prêt à financer le sport plutôt que le cinéma. Déjà même que des gens ne voulaient pas qu’on dénonce ce phénomène», a-t-il fait observer

Selon Hounsou, « grâce aux dispositions qui ont été prises nous avons été à l’intérieur du pays, loin de nos habitudes pour mettre en scène ce film. Disons que ça a été facile à Abidjan mais difficile à l’intérieur. C’étaient vraiment des risques que nous avons pris. Car pour avoir accès à un site clandestin est pratiquement impossible. En même temps que nous étions surveillés, en même temps nous étions pris par le temps. Puisqu’il fallait faire vite pour quitter. Parmi eux, certains sont armés ».

Et de poursuivre, « avouons-le, nous n’avons pas eux véritablement de problème avec les orpailleurs clandestins pour tourner le film grâce aux négociations. Tous le monde sait que les sites d’orpaillages clandestins existent en Côte d‘Ivoire. La question du travail des enfants dans ces mines est un phénomène mondial, un des principaux obstacles à leur éducation ».

L’ORPAILLAGE PREND DE PLUS EN PLUS DES PROPORTIONS EXTREMES

Le réalisateur témoigne que, « l’orpaillage clandestin dont on parle de moins en moins prend de plus en plus des proportions extrêmes allant jusqu’à servir parfois à des fins terroristes. J’ai toujours eu à parler des thématiques qui me sont chères. Dans ce film nous parlons du trafic d’organes humains, du travail forcé, des violences sexuelles, de la corruption, de la contrebande, de la dégradation de l’environnement etc, que l’on observe dans le milieu de l’orpaillage clandestin. On ferme les yeux sur ce phénomène mais il faut sortir les enfants de ce milieu. Nous comptons porter ce message au-delà de nos frontières. Nous attaquerons le marché anglophone qui est dit difficile pour les pays francophones. En Côte d’Ivoire, nous avons un problème de circuit de distribution ».

MON COMBAT, C’EST LES ENFANTS

Quant à Alexis Operi, producteur de Djagassa, il a noté que, « je suis honoré parce que mon combat, c’est les enfants. J’ai commencé par construire des écoles quand Hyacinthe Hounsou est venu me parler du film Djagassa. Quand il a expliqué j’ai plutôt vu une campagne pour aider les enfants. Parce que la place des enfants est à l’école et non dans les champs et dans les mines. Il y a des écoles en Côte d’Ivoire qui sont males bâties.

Certains élèves font les cours sous des tentes. Le film emmène à comprendre les réalités que vivent les enfants dans ces endroits. Nous prions Dieu que ce film soit porteur afin que tout le monde comprenne les réalités que vivent nos enfants. En tant qu’opérateur économique c’est à nous d’aider les jeunes gens à avancer parce qu’ils ont du talent ».

A en croire le réalisateur, le film a été tourné avec une centaine d’acteurs dont Michel Bohiri, Adja Ouattara, Yohann Bado etc. Le budget est à hauteur de 225 millions FCFA. Soulignons que le cœur de ce film, son principal ressort dramatique, est la mésaventure d’un gamin dans une mine dangereuse à la recherche d’un témoin capital pour disculper sa mère. Un témoin bien caché dans sa tanière et protégé par des adolescents armés jusqu’aux dents. Notons que la première projection du film aura lieu le mercredi 25 août 2021 à 18 heures au Palais de la culture de Treichville. Le long métrage sera présent dans les salles de cinémas à partir du vendredi 27 août 2021.

Afrik soir

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