Société

Côte d’Ivoire: deux policiers condamnés pour la mort du fixeur Issa Koné

Habitué aux affaires de racket policier ou d’escroquerie, le tribunal militaire d’Abidjan jugeait ce vendredi 21 juin un homicide : celui d’Issa Koné, qui a travaillé comme fixeur pour des dizaines de journalistes ces dix dernières années, notamment pour RFI et Le Monde. Issa Koné, 38 ans, père de 2 enfants, est mort lors d’un contrôle routier le 15 décembre dernier. Vendredi, deux policiers comparaissaient pour homicide involontaire, omission de porter secours, défaut de maîtrise de véhicule, et violation de consignes.

À la barre, deux jeunes policiers du Groupement militaire d’intervention, Yves Martial Bekrou, 25 ans et Gervais Dayoro 28 ans. À bord de leur pick-up du GMI, dans la nuit du 14 au 15 décembre 2018, ils ont arrêté la voiture d’Issa Koné, dans des circonstances qu’ils ne sont pas capables d’expliquer au tribunal, mais en invoquant un refus d’obtempérer qu’aucun témoignage de semble corroborer.

« Ce n’est pas ce qui s’est passé », leur oppose plusieurs fois le président du tribunal en écoutant leur maigre récit appris par cœur, sans toutefois lire les dépositions des témoins. Les deux jeunes policiers ne sont pas en mesure non plus d’expliquer pourquoi la victime s’est retrouvée « agrippée » à leur voiture qui démarrait, puis est tombée face contre terre, la mâchoire brisée, se fracturant le crane.

L’un des prévenus admet toutefois qu’ils ont fui pour « échapper au lynchage ». « Mais pourquoi aviez-vous peur d’être lynché », rétorque le commissaire du gouvernement se heurtant à un silence.

La défense, elle, présente les faits comme un accident tragique, plaide les circonstances atténuantes et invoque une attitude « suicidaire » d’Issa Koné, pourtant connu pour son flegme et son sang-froid dans les situations les plus tendues. Le commissaire du gouvernement requiert 5 ans fermes pour Yves Martial Bekrou qui conduisait le pick-up, et trois ans fermes pour son comparse.

Les deux policiers, en détention provisoire depuis les faits, sont condamnés respectivement à un an et 6 mois fermes. « C’est en deçà des réquisitions pour des faits qui sont forts. J’espérais une requalification en homicide volontaire », commente, à la sortie l’avocat de la famille, qui ne pouvait plaider dans ce procès. « Leurs conseils ont mené le tribunal en bateau. Les juges se sont laissés bernés », conclut Me Abdoul Doumbia.

RFI

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