Société

Ce qui s’est réellement passé à la MACA

[‘’Pca’’, ‘’chef de sécurité’’, ‘’chef de l’unité Golba’’ à la Maca] ‘’La Machine’’ sur les traces de ‘’Yacou le Chinois’’

Le garde pénitentiaire qui fait la pluie et le beau temps de la Maca

Koné Kassoum dit ‘’La Machine’’, la pègre de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), a fait parler de lui encore, ce mercredi 20 mars 2020, dans des échauffourées qui ont éclaté entre les gardes pénitentiaires, faisant deux blessés, selon des sources syndicales. Nos sources font des révélations sur cet état de fait en gardant l’anonymat.

Les secrétaires généraux des trois syndicats des gardes pénitentiaires de Côte d’Ivoire, notamment du Syndicat national des agents pénitentiaires de Côte d’Ivoire (Synapci), du Syndicat national du personnel de l’administration pénitentiaire de Côte d’Ivoire (Synapapci) et du Syndicat des agents pénitentiaires de Côte d’Ivoire (Syapci) ont été témoins de l’incident survenu, le mercredi 20 mai, à la Maca impliquant ‘’La Machine’’.

Ce dernier, selon eux, n’est pas seulement ‘’le PCA’’ ou ‘’le chef de sécurité’’ de la Maca, mais il est aussi le chef d’une unité parallèle composée d’environ une vingtaine d’ex-Frci, appelée Golba. Ce sont les membres de ‘’cette milice’’ qui sont les oreilles de Koné Kassoum, ‘’son service de renseignement’’.

Les lieutenants de ‘’La Machine’’, des détenus, qui organisent les rackets pour lui, l’ont appelé mercredi matin pour l’informer que ses fétiches ont été déterrés dans l’enceinte de la Maca. « Tous les fétiches que Koné Kassoum avait enterrés pour ne pas que quelqu’un parle devant lui, est à l’origine des palabres d’aujourd’hui (Ndlr : mercredi 20 mai). C’est ce qui est véritablement à l’origine de tout, indique notre source ajoutant, par ailleurs ces fétiches ont été enterrés en différents endroits de la prison dont un devant le bureau du régisseur Koné Hincléban ».

Arrivée de la ville dans une colère noire, il s’est dirigé au bâtiment C, selon des sources syndicales, où, toujours selon eux, se trouvent les détenus à sa solde pour leur dire : ‘’les gars, nous allons faire une mutinerie aujourd’hui’’. Les détenus des bâtiments A et B qu’il rançonne ont, quant à eux, été hostiles. S’en est suivi des jets de projectiles entre les détenus.

C’est dans cette confusion que ‘’La Machine’’ a pris la tangente pour sortir. « Une fois dehors, sous nos regards, il s’est dirigé au poste des Forces armées de Côte d’Ivoire (Ndlr : Faci) où il s’est saisi d’une armes de type AK47 et le chargeur avec la complicité du chef des Faci, Fofana (Ndlr : Fofana Sucette, sergent-chef du détachement militaire d’Anyama). Il a commencé à tirer des coups de feu en l’air pour intimer l’ordre aux Faci de libérer son chemin de retour, mais il été stoppé au SAS (Service d’accès de sécurité) par Coulibaly Tenema. Il a tiré à bout portant sur lui, mais les coups ne rentraient pas. S’en est suivie une bagarre rangée pour le désarmer au cours de laquelle, Traoré Mamadou a pris une balle à l’épaule ».

Une fois désarmé, ‘’le Pca’’, ‘’le chef de sécurité’’, ‘’le chef de l’unité Golba’’ en tant que garde pénitentiaire, mais aussi le vrai patron des Faci à la Maca, va se refugier sous la bâche de celles-ci. « Quand les agents pénitentiaires d’Agboville, d’Azopé et de Dabou ont appris cela, ils ont pris leur moto, et voiture avec leurs attributs de Dozo pour descendre tous à la Maca. Nous étions obligés de les calmer parce qu’ils voulaient en découdre avec lui », indiquent les syndicalistes.

Un sous-officier frappe un officier, ‘’une affaire banale’’

‘’La Machine’’ est un ancien mécanicien qui a intégré en 2013, sans passer de concours d’entrée, le corps des gardes pénitentiaires. Celui qui se réclame de la fonction de chef de sécurité, une nomination stratégique dévolue au commandant jouissant d’une solide expérience dans la détention pour éviter les dérapages et mutineries, a des relations exécrables avec ses collègues, les visiteurs et les détenus.

« Un vendredi soir, il a porté main à un officier. Le directeur de l’administration pénitentiaire (DAP) se déplace, le lundi, lors du rassemblement pour narguer les agents. Pour leur demander : “Qui est ce qu’on a frappé ici ?’’ Ça c’est des petites choses ça, parce que c’est un sous-officier qui a frappé un officier. C’est une affaire banale », s’indignent nos sources pénitentiaires. L’actuel régisseur, Koné Hincléban, a été menacé par Koné Kassoum à l’aide de son arme en 2016, lorsque celui-ci avait fait des reproches sur sa mauvaise manière de travailler.

Depuis sept ans, ‘’La Machine’’ multiplie plusieurs fautes sans être inquiété. Par ailleurs, depuis six mois, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice a les échos de se qui passe à la Maca, selon son propos tenu le mercredi 20 mai à la Maca, rapportent les gardent pénitentiaires.

Insubordination, indiscipline, violence rien n’arrête ‘’La Machine’’

Mobiliser des marabouts de la Guinée et du Mali, contrôler une milice au sein de l’administration pénitentiaire, entrer et sortir de la Maca sans se soumettre au contrôle, le racket des détenus n’est que la face visible d’un réseau de dealers de drogue.

« Aujourd’hui, il y a la cocaïne qui circule à la Maca. La seule personne qui a un réseau et une emprise sur tout le monde, tant dehors qu’à l’intérieur de la prison, c’est bien ‘’La Machine’’. Nous avons des cameras de surveillance ici, il suffit de mener une enquête et contre-enquête et vous verrez les têtes qui vont tomber », révèlent les syndicalistes.

Concernant les vidéos réalisées en pleine prison de personnes en train de brandir de la drogue que Koné Kassoum estime avoir saisi, voici ce que disent nos sources: « Lui-même est interdit d’entrée dans la prison avec son portable cellulaire, c’est déjà une infraction. Maintenant, s’il brandit de la drogue, ne soyez pas étonné qu’il exhibe une arme en plein milieu carcéral, dont on ne saura jamais la provenance et celui à qui l’arme appartient », coupent court nos sources.

Toutes les dérives (insubordination, indiscipline, violence) de ‘’La Machine’’ ressemblent trait pour trait aux dures réalités qu’a fait subir le détenu le plus célèbre de Côte d’Ivoire, Yacouba Coulibaly dit ‘’Yacou le Chinois’’, aux détenus et à l’administration pénitentiaire jusqu’au samedi 20 février 2016, où a il été tué dans une fusillade au sein même de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca).

Plusieurs pistes indiquaient que ‘’Yacou Le Chinois’’, ex-Frci, faisait la pluie et le beau temps au sein de la Maca parce qu’il dirigeait un réseau de drogue. Certains de ses acolytes ont été arrêtés puis écroués.

Malgré la forte présence de la force républicaine (Frap-GMI-CRS-brigade de securité gendarmerie-district de police- brigade toits rouge), hier, elle n’a pu arrêter ‘’La Machine’’, qui s’est replié dans le camp des Faci. Ce n’est que tard dans la nuit que deux véhicules du Ccdo l’ont exfiltré de sa position ‘’pour sa sécurité’’.

Deux ans plus tard, un autre ex-Frci, cette fois-ci, garde pénitentiaire qui, lui, est libre de ses mouvements, ‘’La Machine’’, a pris la relève. Seuls les acteurs des violences et maltraitances sur les détenus, les gardes pénitentiaires, l’administration pénitentiaires et autres ont changé, mais la pratique demeure et empire, malgré les révélations de la presse et des médias. À qui cela profite-t-il ?

Source: le point sur.net

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