Société

Cloture de la 14e réunion de l’Oit : L’avenir du travail décent sur le continent au cœur des débats

L’Afrique doit relever le défi de créer 26 millions d’emplois tous les ans d’ici à 2030.

Pour réduire la pauvreté et favoriser la justice sociale à laquelle aspirent ses populations, l’Afrique n’a pas d’autre choix que de créer des millions d’emplois chaque année. Un défi ardu qui s’impose au continent, mais pas impossible à relever.

L’Afrique, c’est 1,3 milliard d’habitants et la région du monde la plus jeune avec 59% de moins de 25 ans et 40% de moins de 14 ans. Selon la Banque africaine de développement (BAD), tous les ans, 10 à 12 millions de jeunes Africains débarquent sur le marché du travail alors que seulement 3 millions d’emplois formels sont créés. Et toujours selon la BAD, la plupart des 420 millions de jeunes africains de 15 à 35 ans sont au chômage, occupent des emplois précaires ou alors occasionnels.

Près de 500 acteurs gouvernementaux et délégués d’organisations de travail tiennent, du 3 au 6 décembre, à Abidjan, une importante rencontre à l’initiative de l’Organisation internationale du travail.

Après la 9e édition en 1999, la Côte d’Ivoire abrite pour la seconde fois, du 3 au 6 décembre, la 14e Réunion régionale africaine (Rra) de l’Organisation internationale du travail (Oit). La rencontre, qui a pour thème central : « Vers plus de justice sociale : façonner l’avenir du travail en Afrique », a débuté, hier, au Sofitel Hôtel Ivoire à Cocody en présence de près de 500 acteurs gouvernementaux et délégués d’organisations de travail.

Le ministre ivoirien de l’Emploi et de la Protection sociale, Pascal Kouakou Abinan, désigné président de la 14e Rra-Oit par l’ensemble des délégués, s’est, dans son discours de bienvenue, félicité de la mobilisation des 54 Etats africains autour de l’événement et de ses enjeux. « La Réunion régionale africaine, qui nous rassemble ce jour, est l’activité de clôture du centenaire de l’Oit célébré cette année à travers des manifestations tant intellectuelles que culturelles », a-t-il indiqué d’emblée.

Pour Pascal Kouakou Abinan, la célébration de 100 ans de travail, d’acquis et de progrès pour la dignité et l’épanouissement des femmes et des hommes appelle également à jeter un regard rétrospectif sur l’importante œuvre accomplie par l’Oit et ses mandants tripartites (gouvernements, employeurs et travailleurs) et d’envisager sereinement l’avenir du travail pour les générations actuelles et futures.

S’appuyant sur la déclaration de la Commission mondiale sur l’avenir du travail, qui exhorte à « la construction d’un avenir du travail centré sur l’humain », le ministre ivoirien a rappelé la nécessité de prendre en compte les besoins et aspirations des populations, dans un contexte fortement marqué par de nombreuses mutations et bouleversements technologiques et sociales.

Créer 26 millions d’emplois productifs tous les ans en Afrique

L’Afrique est confrontée à moult difficultés relatives à la prédominance de l’économie informelle, au chômage de la jeunesse, au faible niveau de l’industrialisation, à la faible productivité agricole, à la déforestation galopante et au changement climatique. De l’avis du président de la 14e Rra-Oit, ces difficultés iront crescendo si des actions fortes ne sont pas menées par les Etats du continent.

Prenant l’exemple de la Côte d’Ivoire, Pascal Abinan a révélé que pour faire face à la montée en puissance des emplois informels qui enregistrent des taux de 93 %, dont 97,9 % en milieu rural, le gouvernement ivoirien a pris de nombreuses mesures à travers des Plans nationaux de développement et des mécanismes de lutte.

« Il a été mis en place un Programme social du gouvernement pour la période 2019-2020 (Ps-Gouv 2019-2020). Cet instrument a pour objectif de renforcer l’action sociale de l’Etat par des projets à impact large et rapide, en matière d’éducation, d’accès aux biens de première nécessité, d’emploi des jeunes, d’autonomisation des femmes, de santé et de protection sociale », a-t-il conclu.

Le directeur général de l’Oit, Guy Ryder, a relevé que le défi de l’Afrique en matière de travail est de créer 26 millions d’emplois productifs tous les ans, si l’on veut réaliser l’Agenda du développement durable à l’horizon 2030. Il faut également, a-t-il souligné, combler le déficit annuel de 68 milliards de dollars pour financer les investissements nécessaires de travail décent afin que la protection sociale universelle devienne une réalité en Afrique.

Les quatre jours de travaux de la 14e Réunion régionale africaine de l’Oit seront meublés de séances plénières, de panels de haut niveau et de débats. La journée d’hier s’est achevée par un panel présidentiel sur le thème « L’avenir du travail que nous voulons pour l’Afrique », auquel a pris part le vice-Président Daniel Kablan Duncan.

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